La gestion de la pandémie du COVID 19 à Mayotte : Que s'est-il réellement passé ?
Depuis le début de l'année, le monde est touché par le virus appelé le Covid-19. Les Outre-mer n'ont pas été épargnées et actuellement Mayotte est au cœur d'une crise sanitaire alors qu'un premier virus circulait déjà sur le territoire, la dengue.
Comme nous l’avions partagé dans l’article sur La situation à Mayotte : https://hima-mayotte.fr/single-post.php?id=50 où nous vous faisions part d'informations du début de la pandémie.
Que s’est-il réellement passé durant cette pandémie de COVID-19 ?
Aujourd’hui, Mayotte est encore le département des Outre-Mer le plus touché par le virus et comptabilise à ce jour 2603 cas confirmés et 33 décès.
Le 22 mai, Mayotte était encore le seul département officiellement en confinement, pourtant les petits commerces avaient repris leur activité et réouvert le 18 mai.
Plusieurs critiques ont été apportées quant à la gestion de la pandémie sur l’île sur différents aspects. En effet, on a pu remarquer l’absence de geste barrière pendant la mise en place de l’aide alimentaire apportées à la population par exemple, où des images ont été diffusées avec une foule de personnes étant collées les unes des autres. Il y a eu également les évènements de rassemblements clandestins nocturnes durant la période de ramadan.
D’autres critiques ont également été apportées quant aux mesures de sanctions contre le non-respect du confinement.
A cela s’ajoute les différents évènements de violences sur l’île. En effet, des maisons brûlées, aux affrontements ainsi qu’aux pillages de la caserne des pompiers le 11 mai dernier, la population mahoraise est désemparé et se sent en danger (https://hima-mayotte.fr/single-post.php?id=59). Cependant, lors d’une assemblée la Ministre des Outre-Mer a affirmé que les faits de délinquance étaient « en baisse depuis 3 mois de 45% à Mayotte », des propos lourdement réfutés par les locaux. Les affirmations émisent par la Ministre des Outre-Mer sont basées sur la baisse du nombre de plainte déposée. Néanmoins, force est de constater que les chiffres annoncés sont bien loin de la réalité des mahorais. N'est-il pas primordial de s'intérroger sur les raisons de l'écart de réalité constatable concernant les chiffres et la réalité du quotidien des locaux ?
Qu’en pense la population ?
Certains acteurs locaux ont fait savoir leur incompréhension et leur inquiétude quant à la décision des élus concernant la réouverture de certains commerces. Lors de son arrivée sur l’île, la ministre des outre-mer alors sur le plateau de Mayotte la 1ière dit « On va être franc. Le confinement ici, il n'existe plus depuis des semaines ».
Depuis le début de l’épidémie, les locaux ont le sentiment que l’Etat a abandonné ces citoyens. L’île étant un désert médical, le service hospitalier a vite été saturé par la rapidité de la propagation de la pandémie. L'armée a monté un hôpital militaire devant le CHM pour le dépistage. Beaucoup ont regretté le manque de dépistage par jour jugé pas assez important au regard de la situation. Les professionnels de santé ont pointé du doigt le manque d’équipements qui leurs sont fournis, et ont également pointé du doigt le manque de suivi des sujets testés positifs au COVID-19.
Concernant les différents évènements de violences, après des nuits agitées, et après que des riverains aient déposé des pétitions à la mairie de Mamoudzou afin de faire interdire les Mrengués, le maire alors émis un arrêté le 24 mai interdisant les Mrengués dans sa commune. Les locaux ont déploré le manque d’intervention des forces de l’ordre au moment des faits. Pourtant, ces évènements de violences ont eu lieu dans le cas du non-respect du confinement et ont alors donné lieu à des troubles à l’ordre public.
Les obligations juridiques des politiques :
Dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire actuelle, les élites politiques notamment les maires ont vu leur pouvoir de police comprimé.
En application des dispositions de l’article L.2122-24 du code général des collectivités locales, le maire détient ainsi un pouvoir de police générale afin d’assurer le maintien de l’ordre public dans ses différentes composantes : le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques. La compétence du maire s’exerce sur l’ensemble du seul territoire communal. Les maires ont ainsi non seulement la faculté mais également l’obligation lorsque les circonstances locales le justifient de mettre en œuvre les pouvoirs de police qu’ils tiennent de la loi, y compris en instituant des mesures plus sévères que celles décidées par l’Etat. Cependant, les locaux ont fait savoir leur mécontentement quant aux manques du maintien de l’ordre par les forces de l’ordre et le manque d’action des maires afin de protéger la population.
Les cas de mise en jeu de la responsabilité pénale des maires
Les cas de la mise en jeu de la responsabilité pénale des maires a été encadré depuis la loi n°2000-647 du 10 juillet 2000, dite Loi Fauchon qui a modifié l’article 121-3 du code pénal. Concernant spécifiquement les maires, le maire ne peut être condamné pour des faits non intentionnels « que s’il est établi qu’il n’a pas accompli les diligences normales compte tenu de ses compétences, du pouvoir et des moyens dont il disposait ainsi que des difficultés propres aux missions que la loi lui confie ».
La loi du 11 mai 2020 a pour but de mettre en place un aménagement de la responsabilité pénale des employeurs, élus locaux et fonctionnaires amenés à prendre des mesures dans la mise en œuvre du déconfinement. Le but de cet amendement était de limiter la responsabilité des élus, pendant la durée de l’état d’urgence sanitaire lié à la crise du Covid-19.
Aujourd'hui Mayotte est encore très affectée par la pandémie de COVID 19 et la population doit encore rester vigilente et se protéger !
L'équipe Hima.
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