L’EDUCATION A MAYOTTE : ENTRE ESPOIR ET DESESPOIR
Si la rentrée s’est bien déroulée en France métropolitaine, à Mayotte ce bilan est mitigé. La rentrée a eu lieu dans un contexte assez calme en comparaison avec la rentrée des précédentes années. Néanmoins, nous ne pouvons pas dire que les problèmes de surcharges de classe, de l’insalubrité des écoles et du manque de professeur annoncent une année sympathique et pleines d’espoir dans le 101e département français. Vous l’aurez remarqué, depuis de nombreuses années l’apprentissage des élèves mahorais est un soucis considérable alors que l’école à la lourde charge de leurs données les outils nécessaire afin de répondre à leurs innombrables questions.
Mayotte jeune département ne répond pas aux structures éducatives de l’hexagone. Tout d’abord, il existe le problème des surcharges des classes. L’île est passé de 6000 élèves en 1976 à 94000 en 2016, une surpopulation scolaire sans suivi d’infrastructure adapté. Nous attendions beaucoup du Président de la République qui durant sa compagne électorale avait promis qu’il y aurait une réduction des élèves par classe. Ceci dit, un manque d’infrastructure et donc de classe se ressent à Mayotte. Par exemple, l’école élémentaire de Dapani pour l’année scolaire 2017/2018 pour une classe de CP était composée de deux enseignants avec à leurs charges 12 élèves en principe. Par ailleurs, le manque d’enseignants est un problème majeur sur l’île car les élèves se retrouvent sans enseignant pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois sans avoir cours.
Toutes ces problématiques ont conduit à un phénomène de grève et de manifestation à répétition. Si les grèves sont parfois légitimes au regard des défaillances du système scolaire mahorais, les manières peuvent être remise en question. En effet, force est de constater que depuis de nombreuses années, les grèves qui peuvent durer parfois plusieurs semaines se multiplient au détriment de l’intérêt des élèves de l’île. Alors que pendant ce même temps les autres élèves de France hexagonale et d’outre-mer poursuivent normalement l’année scolaire.
Ces grèves à répétitions participent nécessairement au renforcement des difficultés structurelles, sociales et langagières qui empêchent l’élève mahorais de réussir.
L’éducation est un moteur du développement d’une société. Une société sans éducation est une société qui est appelée à disparaître. Il est donc primordial que l’Etat et le département de Mayotte conjuguent leurs efforts pour satisfaire au minima les revendications des organisations syndicales :
- Nouvelles constructions scolaires dans le primaire et le secondaire
- Mise aux normes de l’existant…
Le secrétaire départemental du Snuipp annonce dans Libération « ici, on encourage le décrochage scolaire pour libérer des places ».
En effet, l’immigration massive et non contrôlée en provenance majoritairement des Comores n’arrange pas la situation. Elle amène un afflux très important d’enfants à scolariser qui à l’origine n’étaient pas prévus par les statistiques.
De plus, il naît dans les maternités de Mayotte en moyenne une classe par jour.
Avec tous ces éléments d’appréciation on serait amené légitimement à s’interroger sur l’origine des véritables causes de l’échec de notre système éducatif qui affiche comme conséquence la non réussite des élèves mahorais.
Nous sommes entrées en contact avec Monsieur Rivomala RAKOTONDRAVOLA, connu de tous à Mayotte en tant que professeur des écoles et syndicaliste aguerri au sein du SNUIPP. Il se bat pour la défense des intérêts des élèves mahorais, et l’amélioration de l’enseignement dans le 101e département français. Lors de notre échange téléphonique, nous avons abordé la question de la rentrée scolaire, et nous en sommes venu à nous demander si l’égalité des chances en France hexagonale et à Mayotte est égalitaire. Selon lui, « pour eux, leur objectif c’est de mettre des enfants dans des salles de classe. La réussite de nos élèves est secondaire pour nos dirigeants » (Rivomala RAKOTONDRAVOLA). Malgré la transformation de Mayotte en réseau d’éducation prioritaire (REP), le système éducatif reste quand même défaillant. Un réseau d’éducation prioritaire qui ne porte que son nom dans la mesure où les conditions d’application ne sont pas respectées. Par exemple, il y a des classes de 28 élèves alors qu’une classe en REP classique comporte moins de 20 élèves. C’est ce que dénonce depuis plusieurs années les syndicats notamment le SNUIPP-FSU avec son secrétaire départemental Rivomalala RAKOTONDRAVOLA.
Comme il a été dit auparavant, les grèves peuvent durer parfois plusieurs semaines, ou soit trois mois pour la précédente. Nous tenions à demander au secrétaire départemental RAKOTONDRAVOLA pourquoi les grèvent avaient toujours lieu pendant la période scolaire. Celui-ci nous répondit « les grèves, c’est pendant les heures de travails » (Rivomala RAKOTONDRAVOLA). En effet, il est compréhensible qu’il faille mener les grèves ainsi que les manifestations pendant les heures de travail. Cependant, étant dans un système déjà défaillant, les grèves parfois longues sont-elles la solution tout en sachant que celles-ci bloquent complètement l’apprentissage des élèves en les empêchant de se rendre dans les salles de classes et de poursuivre une scolarité continu ?
Enfin, Monsieur RAKOTONDRAVOLA conclut avec « Grâce au SNUIPP-FSU, on se pose les bonnes questions ». Selon lui, les grèves ont permis à se poser des questions sur la surcharge des classes, l’hygiène etc…
Nous sommes également allé à la rencontre d’un bachelier pour qu’il nous partage son ressenti de la grève qu’il y a eu récemment, qui les a empêché d’aller en cours pendant au moins trois mois. Celui-ci nous a dit que « La situation était démotivante notamment à quelques semaines du bac, surtout sur le fait de ne plus avoir cours. Même si parfois, on arrivait à passer les barrages, on avait aucune assurance d’avoir un professeur assurant son cours ».
Il nous dit également vis-à-vis des grèves « En soi, je n’ai aucun souci que les mahorais fassent grève, faire la grève est un droit mais j’ai plus un problème envers la manière de la faire, j’estime qu’ils le font de la mauvaise façon notamment la déforestation de masse qu’à connu l’île, couper du bois en masse dans l’objectif de bloquer les routes pour que plus personnes ne puissent circuler. A mon sens, les mahorais n’ont pas compris le sens des grèves et de la manière de les mener. »
Nous nous sommes également demandé si les professeurs avaient essayé de rattraper le retard au niveau du programme scolaire : « Cela a été très compliqué, certains nous donnait déjà des cours tout fait mais c’est compliqué de lire un cours tout en noir et blanc. Et tout n’a pas été vue, certains thèmes ne pouvaient pas être rattraper et ont été sauter. Puis c’était également compliquer pour certains professeurs de remotiver toute une classe démotiver et septique face à l’arrivé des examens. »
Etant en classe de terminale, nous lui avons demandé s’il estimait s’être rendu aux examens avec des lacunes : « En fait, je suis surtout partie avec un manque de confiance, on passe les examens avec un sentiment de découragement. Certes les résultats n’étaient pas catastrophiques même si je crois que c’est dû au fait que les professeurs se sont montrés clément au vue de la situation. Mais les conséquences se perçoivent lorsque nous partons faire nos études supérieures en Métropole avec de grosses lacunes et les professeurs ici ne soucient pas trop de savoir s’il y a eu grève ou pas. »
Au vue de la situation à Mayotte, certains parents se trouvent dans le désarrois soit d’envoyer leurs enfants suivre leurs scolarité en France métropolitaine, soit de les scolariser en école privée. Nous sommes par ailleurs entrée en contact avec trois élèves qui sont arrivé au même constat. En effet, ce constat est qu’il existe un écart de niveau notamment en terme de pédagogie et de prise en charge de l’élève. Ils estiment qu’en école privé, « il y a une véritable pédagogie de fond, les professeurs sont plus attentifs à nos difficultés et la masse de travail est plus présente ». Par ailleurs, ils nous ont partagé leur ressenti une fois arrivé au collège : « Cet écart de niveau c’est d’autant plus vu lorsque j’étais au collège, j’avais de bon résultat scolaire mais je devais attendre que les autres comprennent pour qu’on puisse avancer dans le programme donc je finissais par m’ennuyer. »
Plusieurs solutions peuvent être envisagées :
- Création de nouvelles salles de classe
- Création de cours de remise à niveau
- Formation des professeurs
- Rattrapages des heures de cours perdues pendant les grèves
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