Bienvenue dans la réalité de l'héxagone
Bienvenue dans la réalité de l'hexagone
« Au revoir, maman et papa, je pars mais c’est pour vous rendre fière »
« Au revoir, maman et papa, je pars mais c’est pour vous rendre fière »
Mais à quel prix paye-t-on ce rêve ?
La vie de nos chères étudiants mahorais n’est pas de tout repos lorsqu’ils doivent faire leur premier envolé pour aller poursuivre la suite de leurs études en Métropole. Cela va faire plusieurs années qu’un certain mal-être se fait ressentir pour certains. L’éloignement est un facteur majeur, mais le déroulement de leur quotidien en Métropole y joue pour beaucoup.
Le départ et l’arrivé :
Quoi de plus dure pour un étudiant que de quitter sa famille pour aller se retrouver seul dans un nouvel environnement de vie qui lui ait inconnu ? Lors de l’année de Terminal, certains organismes comme la DSPU se rendent dans les lycées afin d’expliquer aux futurs bacheliers le déroulement de la procédure pour qu’ils puissent d’abord bénéficier de la bourse départementale, mais également la procédure à suivre notamment pour se trouver un logement ou autres démarches administratives qu’ils doivent poursuivre lors de leurs arrivées.
Mais est-ce vraiment suffisant pour un bachelier novice de la vie en autonomie ? La vie en métropole est constituée d’embouche et de calvaire. Un étudiant mahorais n’ayant jamais quitter le département de Mayotte se voit obliger de partir afin d’affronter cette réalité. En effet, celui-ci rencontre les premières difficultés lors de son arrivé puisqu’il se retrouve seul et doit essayer de comprendre le processus, afin de, par exemple de récupérer ces bagages, se procurer son billet de train pour sa ville d’étude ou même la difficulté de compréhension arrivé à la gare SNCF, pour trouver sa voie de train. Force est de constater que beaucoup d’étudiants se sont trompés de trains ou ont raté leur train dans la panique et l’inconscience de ce qu’ils devaient faire. Durant longtemps, nous avons entendu nos ainés dire qu’auparavant la DSPU (ancienne DASU) proposait un accueil des étudiants à leur arrivé à l’aéroport de Charles-de-Gaule mais notre génération actuelle n’a jamais connu cet accueil. Nous pouvons ainsi reprocher au Conseil départemental d’abandonner leurs étudiants à leurs sorts.
Toutefois, récemment un certain solidarisme s’est créé entre étudiants mahorais, certaines associations comme Emancipé Mayotte, se sont donnés la responsabilité d’aider les nouveaux bacheliers durant leur mobilité. Par ailleurs, cette association est allée à la rencontre de nouveau bachelier durant l’été, dans plusieurs villages de Mayotte pour expliquer aux mieux aux bacheliers ce qu’ils devaient impérativement préparer avant leur départ et ce qu’ils devaient faire à leurs arrivés. On peut également parler de la Fédération pour l’Accueil des étudiants de Mayotte qui ont essayées au mieux de prévoir un accueil et une orientation des nouveaux bacheliers afin de favoriser une bonne installation et réussite dans leur vie en Métropole.
Trop de paperasse administrative cause de l’échec scolaire en étude supérieur ? :
La vie en métropole est synonyme de quotidien dans les bureaux administratifs alors que normalement la priorité d’un nouvel étudiant devrait être sa réussite scolaire or ce n’est pas le cas, il se trouve face à une tonne de démarche à suivre. Celui-ci doit par exemple se trouver un logement, il a le choix soit se rendre dans un Crous soit chez un particulier ou en agence, le problème se trouve dans le fait que celui-ci se trouve vite perdu par les multiples sites web que l’on peut rencontrer lorsqu’on recherche un appartement. Sans être épauler dans ces recherches, celui-ci peut parfois faire des erreurs notamment en prenant quelques choses de trop cher ne correspondant pas à ces moyens, être victime d’arnaques, etc… Se loger dans un environnement étranger, soit la métropole par exemple devient de plus en plus compliqué. Les logements libres se font rares.
Puis, surviennent les petits détails comme penser à faire une carte de transport en commun, les abonnements téléphoniques, les abonnements de box, le dossier pour les allocations logements etc… Un étudiant mahorais ne détient pas forcément une liste exhaustive de toutes ces choses à faire et prend conscience du coup financier que cela représente. De plus, Mayotte étant un département français, la paperasse administrative devant être simplifié est tout le contraire. Nous devons en général rassembler plusieurs documents afin de compléter un dossier. Mais pour avoir un document administratif à distance, cela peut prendre plusieurs jours ou même semaines avant de l'avoir, faisant trainer le dossier et risquant le hors délai. Nous conseillerons donc aux jeunes bacheliers avant de quitter le territoire, de scanner tous leurs documents administratifs importants.
De nombreux décrochages scolaires sont justifier par ces maux. Mais ce n’est pas le seul facteur impactant la vie des étudiants mahorais. Lorsqu’ils arrivent à l’universités, nombreux de ceux qui sont dans les classes préparatoires et des écoles se retrouvent, dans la foulé dans un niveau d’étude qui leur est inconnu. L’écart de niveau scolaire entre le département de Mayotte et la Métropole se ressent en conséquence durant les études supérieures. Nouveau programme, niveau rythme scolaire, nouvelle méthodologie sont à adopter mais ce n’est pas une mince affaire. En effet, beaucoup déclarent que suivre les cours en amphithéâtre peut s’avérer difficile, que l’assimilation de la méthodologie et la compréhension des sujets abordés restent une épreuve difficile à accomplir pour leur part.
Les difficultés d’intégrations dans ce nouvel environnement :
La culture mahoraise et la culture occidentale possèdent un grand fossé. Venir poursuivre ses études en Métropole signifie faire un effort d’adaptation afin d’améliorer son quotidien. L’hiver est la plus grande épreuve auxquels ils doivent se confronter. Passer de Mayotte département où la chaleur fait son plein toute l’année à la Métropole où les températures sont glaciales et difficilement supportable. Ensuite passer de grande maison composée d’une grande convivialité à la solitude dans un appartement au minimum de 16m², survient également la barrière de langue, barrière de culture etc… Tous ces éléments ont conduit l’étudiant mahorais à s’isoler, faisant tomber pour certains dans la dépression. Rappelons-nous du jeune mahorais décédé à Lille, mort de solitude, malheureux de son éloignement familial, survenance de soucis de santé et sans aucune préoccupation de la part de notre département du calvaire que ce jeune vivait et notamment que plein d’autres auraient pu vivre.
Plusieurs associations dans différentes villes ont pu se créer dans l’objectif de pallier cette difficulté d’intégration. Mais est-ce que cela joue en notre faveur en nous isolant en petit groupe de mahorais ?
Nos origines et la différence de peau joue également dans l’évolution de nos carrières dans cette société occidentale. Cette discrimination fait ces preuves lors de recherche de stage, lors d’entretien d’embauche, lors d’entretien d’admission ce qui suscite l’abandon de certains et demandent leur retour sur l’île sans pour autant achever leur étude. Oui, les futurs étudiants doivent se préparer à faire face à la discrimination et au racisme.
Cela se s’illustre notamment à travers les contrats de bail. En effet, venir des DOM ne nous a pas toujours été bénéfique. Certains particuliers sont réticents à l'idée de conclure un contrat de bail avec des garants venant des DOM, notamment à cause d'un éloignement géographique. Cela retarde la signature du bail car d'une part, ils préfèrent la présence physique du garant pour une question de confiance…
En réalité, qu'est-ce qui se cache derrière cette méfiance ? Il y a du racisme et une méconnaissance des outre-mer de la part de beaucoup de français propriétaires. La question de la sûreté de paiement ne se pose même pas car une personne venant de Bretagne peut aussi faire un défaut de paiement alors qu’il se trouve sur le territoire. Certains propriétaires diront « Et s’il y a un défaut de paiement, on fait comment ? ». Ce qui nous fait comprendre que les propriétaires estiment que la loi s’applique différemment à Mayotte et que la justice française est une mosaïque avec des morcellements faisant un tout. Alors, ils privilégieront un breton face à un mahorais.
Faisons évoluer les choses :
Une meilleure préparation du départ des néo-bacheliers devraient être accentuer, que le département donne les moyens pour y parvenir car ils sont responsables de nous. Un accueil doit être prévu par groupe d’arrivant, en essayant au mieux de les guider dans leurs démarches jusqu’à la fin, pour une stabilité durant le courant de leurs études.
Un suivie doit également être installer de la part du Conseil départemental non seulement dans leurs études mais dans les problèmes de la vie au quotidien. Combien ont déjà rencontré leur médiateur à la DSPU à leur arrivé ? Le contact est presque inexistant sauf lors de demande de documents administratives. Le Conseil départemental doit épauler les étudiants lorsqu’ils rencontrent des difficultés en tout genre.
Un élargissement des choix d’études doit être fait sur Mayotte, nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas quitter leur île mais n’ont pas le choix car leur choix d’étude n’est pas enseigné à Mayotte. Un pôle universitaire autre que celui de Dembeni doit être envisager proposant notamment des licences professionnelles ou des DUT, la création de grande école notamment de commerce, d’informatique, d’immobilier ou encore d’ingénieure, la possibilité de faire des BTS dans les lycées et la création de formations diverses doivent pouvoir nous être proposer.
Les étudiants d’aujourd’hui et de demain sont les moteurs de développement de Mayotte. Une prise de conscience de leur difficulté à parvenir à la réalisation de leur étude et donc de leur réussite doit être pris en considération.
Crédit Photo : Google Street
L'équipe Hima
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