Entre culture et religion : Mayotte, une île aux multiples activités
Mayotte est une terre française depuis 1841 peuplée par une population venue de divers horizons qui est islamisée depuis quasiment le début de l’ère mahométane. De ce fait la frontière entre le culturel et le religieux est infime, pratiquement impalpable.
Les activités sont un mélange entre culture, tradition et religion. Que certaines persistes et d’autres disparaissent. C’est à nous, jeunes mahorais, de perpétuer certaines activités culturelles qui fondent les valeurs de Mayotte. Mayotte est riche en culture, notamment par diverses activités de danses et de chants traditionnels. En effet, certaines sont réservés qu’aux femmes et d’autres qu’aux hommes.
Pour les femmes, il y a le Deba et le M’biwi par exemple, et pour les hommes, il y a le Moulidi, le Dahira et même le Chigoma. Il y a aussi des activités de danses de combat comme le Mourengué (contracté par commodité linguistique et devient mrengué).
Il est tout de même important de constater qu’il y a beaucoup de ressemblance entre les différentes activités, en ce qui concerne les tenues, les occasions qui donnent naissance aux activités diverses, ou encore le déroulement de certaines activités. En effet, il est facile de trouver des points communs entre certaines activités telles que le Deba qui est une danse traditionnelle réservée aux femmes, ainsi que le Moulidi qui est quant à elle réservée aux hommes. Le deba est une danse traditionnelle de l’île de Mayotte réservée exclusivement aux femmes. Il peut avoir une signification religieuse et peut également s’apparenter à une compétition entre plusieurs groupes de femmes issues de différents villages. Il fu inventer dans les années 1960 lorsqu’un foundi coranique vint donner une représentation de champ de soufisme sur l’île. A cet instar les femmes de Mayotte ont accaparé cette pratique qui était à la base réservée aux hommes et purement religieuse. Le deba est effectué par les femmes du village : vêtu de tenue identique, ornée de leurs plus belles parures en or, ainsi que leurs mains décorées de henné, elles s’adonnent à une danse chorégraphié dans le but de reproduire les mouvements.
Cette danse accompagné de champ en langue arabe et tiré du livre sacré, remémorant le plus souvent la naissance du prophète, cela aux rythmes d’instruments à percussion tel que le tambourin ou les timbales. Le deba est une pratique culturelle et exécuté lors des mariages, de retour de pèlerin, des célébrations des fêtes villages etc…
En ce qui concerne le Moulidi, il s’agit d’une fête pratiquée par les musulmans à Mayotte et qui est effectué seulement par les hommes. Il est composé de champ et de danse, a souvent lieu en mémoire d’un mort, lors de la naissance d’un premier enfant ou encore pour des festivités villageoises. Il a lieu dans la nuit et dure parfois jusqu’au matin. Les hommes sont habillés d’un boubou et portent un Kofia.
Le Moulidi commence par la lecture de quelques versets coraniques. Assis à même le sol, ils chantent en arabe et effectue des mouvements avec leurs corps. Au milieu, un leader chante et les autres répètent son chant en refrain avec les percussions d’un taris. Une première ligne de danseur est aligné à genoux. Ils font des gestes long avec les mains et tout le corps. Des gestes longuement répétés et coordonnés sont dévoilé lors de cette cérémonie.
Une deuxième rangée de personne se mettent debout derrière les agenouillés et les soutiennent par leurs gestes plus déployés. Cela font des mouvements brusques et rompus avec leurs bustes et leur bras. Ils se balancent à gauche et à droite et lancent des louanges à Dieu et au prophète. Ici, la ressemblance réside surtout à l'appartenance religieuse des chants. Comme évoquée, les deux activités de danses sont accompagnés tous deux de chants, en louange à Dieu et à son prophète.
En dehors de cela, il existe sur l'île divers activités de danses et de chants qui sont spécifiques aux hommes, aux femmes, ou mixtes:
En ce qui concerne les activités réservées aux femmes, plusieurs convergences peuvent être soulevés. Il y a tout d'abord la tenue qui revient presque toujours. En effet, les femmes portent souvent, voire toujours la tenue traditionnelle lors des activités de danses, soit le Salouva accompagné du Kichali, lors des M'biwi par exemple ou le Deba. La danse du M’biwi se pratique par deux petits bouts de bambou bien coupé qui sont frappés l’un contre l’autre pour accompagner les danseuses. Les femmes les utilisent pour créer un son qui va accompagner la musique joué par un groupe qui doit animer la fête. Normalement, cette danse est réservée aux femmes mariées. Les femmes se mettent en place et s’assoient par petit groupe. Elles sont vêtues de leur Salouva et de leur kichali sur la tête ou sur les épaules. Certaines décorent leurs visages de Msindzano réalisé de poudre de bois de santal. Les femmes se lèvent deux par deux et se font face. Les bras écartés et les mouvements de hanches se font de plus en plus rapide. Pendant ce temps, les femmes assises battent la cadence en claquant leur bout de bois.
Ensuite, il y a le Dahira. Différents types de Dahira sont pratiqués sur l’île. Le dahira de Mayotte se pratique à la mosquée le plus souvent. Des hommes habillés de leurs boubous chantent des paroles arabes et dansent en sautant en même temps et tout ceci en cercle. Un meneur se met au milieu, et comme un chef d’orchestre il motive les participants avec des gestes expressifs.
Cette danse peut s'apparenter à celle de la danse du Chigoma quant à la tenue que portent les hommes, qui est le boubou et le Kofia ainsi que le déroulement de la danse.
Effectivement, le Chigoma est une danse et fête qui a lieu au cours des cérémonies de mariage. Réservé aux hommes, elle se déroule toute la soirée et les danseurs forment un cercle au milieu duquel des hommes rythment la danse. On y danse, mange, et boit toutes sortes de boisson.
Cette danse devient de plus en plus rare car certaines personnes pensent que la présence d’alcool dans cette manifestation est très mauvaise pour la bénédiction des mariés. Aujourd’hui, la danse s’est modernisé car on y trouve de plus en plus de femmes.
Il y a tout de même certaines activités mixtes tels que le Mourengué. Le Mrengué (contraction de mouringué) est une danse de combat qui se pratique la nuit à Mayotte. Elle est à l’origine uniquement réservé aux hommes, mais s’est peu à peu modernisé en incluant les femmes. Les combats sont rythmés par les battements de tambours qui durent toute la nuit sans jamais s’arrêter. Pendant ce temps, deux hommes s’avancent et paradent dans le cercle formé dans la foule. A l’ancienne époque, c’est d’abord un jeu de séduction et de frime totale pour impressionner les femmes.
Au bout d’un certain moment de danse, les hommes retirent violemment leurs vêtements pour montrer leurs forces. Les deux hommes se lancent l’un contre l’autre dans une lutte à main nu, il n’existe aucune protection, tous les coups sont permis. Deux ou trois arbitres équilibrent le combat afin que deux personnes de carrures trop différentes ne s’affrontent pas. Le Mrengué aurait 2 origines principales : la première proviendrait d’une origine malgache, sakalava et renverrait au défi que se lançait les jeunes de villages différents pour régler leurs conflits. Dans la seconde d’autre racontent qu’il aurait été introduit par les colons qui envoyaient leurs domestiques pour se mesurer à ceux des domaines voisins pendant la période du ramadan.
Le Mgodro également est une danse et un chant très populaire à Mayotte. Elle est pratiquée par toute la population, jeune et moins jeune en soirée ou tout simplement chez soi au surfond de musique. Plusieurs artistes mahorais proposent de telles chansons comme Babadi, Chakires, Mikidache, Mtoro Chamou et Lateral.
Certaines pratiques se perdent au fur et à mesure des générations tel que le Mchogoro (ou le mlelezi), en voici quelques unes :C’est une danse célébrée auparavant lors de mariage. Célébrée la journée, elle permet de présenter le marié au village avec le soutien des danseurs. Le marié accompagné à sa gauche et à sa droite de ses meilleurs amis ou de ses frères. Il est ventilé manuellement par trois filles qui leurs font face et marche doucement à reculons. Devant le cortège, les danseurs se livrent à un spectacle et exécutent un pas danse majestueux. Des champs et des percussions de tam-tam accompagnent le groupe. A l’arrière du cortège, on peut voir les cadeaux des mariés transportés par voiture et exposé au public.
Le tout va jusqu’à une place publique où les invités se livraient à un festin.
On a ensuite le Wadaha (la danse du pilon importée de madagascar par les femmes qui ont fui la tuerie de majunga dans les années 75). Elle n’est pratiquée que par les femmes réunies en cercles autour d’un mortier rempli de riz ou d’autres matières. Les femmes dansent autour du mortier et en même temps en pilant. Pendant qu’une première équipe de femmes, toutes vêtues de salouva identique, pilent, une autre équipe continue à danser sur le côté pour se préparer à entrer en jeu. Les équipes en préparation défient par la danse l’équipe autour du mortier, tout ceci autour de la musique spécifiquement dédié. Le Wadaha est né de la solidarité des mahorais à l’époque où les riz étaient cultivés abondamment sur l’île.
On venait de tous les villages pour piler le riz, récolté par solidarité (le moussada). Le Wadaha est de moins en moins pratiqué par notre génération.
C’est en quelques sortes une Corrida mahoraise. Il s’agit d’un jeune zébu qui est attaché à la barrière d’un enclos, les habitants du village chatouillent le zébu de sorte à ce qu’il soit excité et deviennent nerveux, avec des cris et des coups de tambours. Une fois bien énerve, le zébu est libéré et fonce sur les personnes. Les hommes cherchent alors à l’approché et à l’esquivé au dernier moment, mais sans lui planter des piques sur le corps.
Enfin, il y a le Mguru est une cérémonie qui se perd à grande vitesse, car de nos jours elle est de moins en moins pratiquées dans les villages de Mayotte. Autrefois, elle était pratiqué lors de grandes sécheresses qui s’abattaient sur l’île. La population s’adressait aux forces occultent pour faire tomber la pluie. Aujourd’hui, Mayotte ne subit plus de grandes sécheresses comme dans le passé. C’est ce qui explique peut être la disparition de cette cérémonie.
L'équipe Hima
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